Vendredi 24 janvier (Bourse du travail)
18h
Ouverture
18h20 – 20h
Histoire et actualité des initiatives de justice alimentaire
Chaque communication de 30 min sera suivie de 10 min de discussion.
18h20
Johan Lepage (Caracol | LIP/PC2S, Université Grenoble Alpes)
Retour sur le Free Food Program du Black Panther Party
Entre 1966 et 1972 aux États-Unis, les membres du Black Panther Party mènent un ensemble d’actions pour combattre la violence d’État et la pauvreté des populations noires. Les patrouilles armées d’autodéfense contre la police demeure l’initiative la plus connue, toutefois leur action est davantage centrée sur des programmes sociaux comme le Free Food Program. Ce programme de petits-déjeuners gratuits pour les enfants est désigné par le FBI comme l’activité du Black Panther Party « la plus influente » et en tant que telle comme « potentiellement la plus grande menace sur laquelle les autorités doivent appuyer leurs efforts (…) pour neutraliser le Black Panther Party et détruire tout ce qu’il représente. » La répression mettra rapidement fin au Black Panther Party et ses programmes. Nous mobiliserons dans un premier temps la théorie de la dominance sociale (Sidanius & Pratto, 1999) pour comprendre les phénomènes d’inégalité, d’oppression et de répression. Nous proposerons ensuite une histoire synthétique et illustrée du Free Food Program comme action pour la justice sociale dans l’alimentation. Nous conclurons sur la question de la faible fréquence de la protestation collective compte tenu de l’ampleur de l’inégalité dans les sociétés du monde entier, notamment dans l’accès à l’alimentation.
19h Pause
19h20
Lisa Abel (Caracol)
Cartographie des initiatives actuelles de justice alimentaire
Depuis de nombreuses années en France, des collectifs militants tentent de développer des systèmes alimentaires en rupture avec le système agro-alimentaire dominant, rejeté pour son impact négatif sur la santé humaine, animale, et environnementale. Principalement ancré à l’origine dans le courant écologiste, ce mouvement mobilise depuis peu des revendications politiques et sociales orientées vers la justice alimentaire, le droit à l’alimentation pour toutes et tous. Les initiatives actuelles présentent une grande diversité de mode d’action : AMAP, jardins participatifs, coopératives alimentaires, etc. Mon travail de recherche au sein de l’association Caracol propose un état des lieux des initiatives existantes. Il rend compte de leur diversité, leurs différences et similitudes. J’aborderai la notion de Sécurité sociale de l’alimentation, et je situerai l’association Caracol dans ce paysage militant. Je proposerai une réflexion sur les conditions de possibilité d’une réappropriation collective de l’alimentation.
20h
Buffet végétal (prix libre)
Samedi 25 janvier (Centre Universitaire Maurice Faure)
9h – 11h45
Transition agroécologique
Chaque communication de 30 min sera suivie de 15 min de discussion.
9h
Stanislas Rigal (INRAE, Université de Montpellier)
Vers une agriculture sans chants ?
Les oiseaux communs ont perdu un quart de leur abondance en Europe depuis les années 1980, une hécatombe. Sans surprise pourtant, au vu des modifications profondes qu’ont connu les paysages et les modes de vie depuis la seconde moitié du XXème siècle. L’intensité de ce déclin est encore bien plus spectaculaire dans les plaines agricoles : près de 60 % des populations d’oiseaux ont disparu ! Au banc des accusés, un modèle agricole conçu par et pour l’agro-industrie reposant sur une industrialisation toujours plus poussée pour rester compétitif sur le plan international, enfermant les paysans et paysannes dans une dépendance accrue aux pesticides. Ces résultats qui traduisent l’une des baisses les plus spectaculaires jamais enregistrées dans le monde animal à cette échelle et sur une si courte durée, devraient nous inciter à repenser drastiquement le modèle agricole aujourd’hui dominant, changement qui résonnerait avec une demande toujours plus forte de la société et les légitimes revendication des mondes agricoles. Mais pour les défenseurs de l’agrochimie, le niveau de preuve apporté par la science n’est jamais assez grand…
9h45
Damien Toublant (CNRS, Université Bordeaux Montaigne)
Micro-fermes, la résurgence prometteuse des agroécologies paysannes
Quelle forme d’activité agricole à « dimension humaine » soutenir comme alternative en rupture avec le modèle de développement dominant ? Pendant une dizaine d’années, une démarche scientifique de recherche-action a permis de récolter un matériau dense, tant sur leurs pratiques, leurs logiques et leurs résultats. Quatre-vingt-dix-neuf micro-fermes ont été étudiées en Nouvelle-Aquitaine dans le cadre d’un travail doctoral en géographie. Au-delà de la simplification médiatique et des premières approches scientifiques, un nouveau regard sur le monde des micro-fermes est proposé. La diversité et la complexité de ce que sont les micro-fermes révèlent l’image claire d’un mode de production et plus largement d’un mode de vie conjuguant projet professionnel et privée, engagement pour l’agroécologie forte, insertion territoriale. La notion de « modèle » permet de construire une compréhension du phénomène à travers les revendications, les pratiques et les « normes » promues. En dépit de leur disqualification par les politiques publiques (invisibilisation, manque de soutien et de reconnaissance), les petites fermes ont un rôle à jouer dans la transition agroécologique forte. Plus qu’une émergence, le nouvel essor des petites fermes concrétise une résurgence des mouvements socio-politiques alternatifs et offre un espoir concret pour relever les défis majeurs de notre siècle.
10h30 Pause
11h
Inès Bouchema et Marta Muñoz Gómez (AgroParisTech)
Le droit agroalimentaire de la Seconde Guerre mondiale au Pacte Vert [visio-conférence]
Résumé à venir
11h45 Discussion générale
12h30
Pause déjeuner | Food Truck végétal et bio
14h – 16h45
Justice sociale
Chaque communication de 30 min sera suivie de 15 min de discussion.
14h
Corentin Roy (BSE, Université de Bordeaux)
Insécurité alimentaire : construction d’une notion, construction d’une réponse
Depuis les années 1970, la notion d’insécurité alimentaire conduit les institutions à réduire la faim à un problème de production agricole : si certaines personnes n’ont pas suffisamment accès à l’alimentation, c’est parce qu’il n’y aurait pas suffisamment à manger pour toutes et tous. La solution serait alors d’augmenter la production agricole et de dédier une partie du surplus à l’aide alimentaire. Nous présenterons la notion d’insécurité alimentaire, les principaux outils de mesure et leur évolution. Nous verrons les critiques scientifiques et citoyennes formulées, qui incitent notamment à privilégier les notions de précarité alimentaire, de droit à une alimentation durable, et de choix dans les pratiques alimentaires. Nous présenterons des données du CRÉDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) sur l’évolution de la précarité alimentaire en France ces dernières années. Nous terminerons avec l’aide alimentaire, son fonctionnement, ses conséquences pour les personnes bénéficiaires. Des extraits d’entretien permettront de questionner la perception, le rejet ou l’acceptation par ces dernières des rapports de pouvoir que révèle la précarité alimentaire.
14h45
Sébastien Levionnois (CIRAD, Université de Montpellier)
Socialiser l’alimentation : des expérimentations territoriales à la Sécurité Sociale de l’Alimentation
Nos systèmes alimentaires industriels posent aujourd’hui d’importants enjeux de durabilité et de justice. Ils contribuent massivement au changement climatique, ils favorisent la malnutrition, ils alimentent de la précarité et des violences alimentaires, ils se basent sur de la précarité du travail, de la production à la distribution, leur pilotage exclut les citoyens.nes, etc. Plusieurs réponses sont proposées face à ces enjeux mais restent trop partielles ou peinent à changer d’échelle. Le projet de Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA) se veut être une réponse systémique et macroéconomique à ces enjeux, basée sur le droit et des mécanismes démocratiques. Concrètement, il s’agit d’intégrer l’alimentation dans le Régime général de la Sécurité sociale sur le modèle du système de santé : universalité de l’accès, conventionnement des professionnels réalisé par des caisses gérées démocratiquement, financement par une cotisation sociale à taux unique. Une carte vitale de l’alimentation donne accès aux produits conventionnés, solvabilisant directement les mangeurs.euses et garantissant des débouchés pour les acteurs économiques. En attendant, à l’échelle des territoires, différents collectifs citoyens expérimentent ces principes, tentent de donner à voir une SSA dans ses processus et ses effets, et questionnent les conditions du changement d’échelles.
15h30 Pause
16h
CARACOL
Pour un système autogéré de Sécurité sociale de l’alimentation
L’association Caracol présentera son initiative de caisse de Sécurité sociale de l’alimentation pour le Grand Cahors, dont l’ouverture est programmée pour septembre 2025. Cette caisse organisera et financera à la fois la production agricole par des microfermes maraîchères biologiques et l’accès à l’alimentation par cotisation selon les ressources.
16h45
Conclusion